Only God Forgives, Nicolas Winding Refn, 2013 - Présentation du film

Le Danemark a offert à l'histoire du cinéma quelques-uns de ses représentants majeurs, de Carl Théodor Dreyer (La Passion de Jeanne d'Arc) au début du siècle à Thomas Vinterberg (Festen) en passant par Lars von Trier (Breaking the Waves, Melancholia). Un autre de ses réalisateurs les plus connus à l'heure actuelle se nomme Nicolas Winding Refn, dont nous allons étudier un film ici.

Refn débute sa carrière avec la trilogie Pusher, qui dépeint le quotidien de la pègre de Copenhague de manière extrêmement réaliste et sordide. Très vite cependant, son cinéma va emprunter les voies de la sophistication, voire de l'expérimentation, en livrant des films atmosphériques visuellement très travaillés mais aux récits volontairement destructurés ou hermétiques (Bronson, Valhalla Rising) et toujours sertis de subits éclats de violence. Refn va connaître une notoriété mondiale en 2011 avec le film Drive, mettant en scène Ryan Gosling dans le rôle d'un cascadeur taiseux qui va par amour se confronter à des mafieux dans la ville de Los Angeles. Le succès, public comme critique, est immense, et le film recevra le prix de la mise en scène au festival de Cannes en 2011. Sa musique, composée par Cliff Martinez, deviendra elle aussi culte. 

Only God Forgives, son film suivant, toujours avec Ryan Gosling dans le rôle principal, est conçu comme une sorte d'anti-Drive. Là où, dans ce dernier, le cascadeur joué par Gosling incarnait une figure de chevalier moderne presque invulnérable et irréprochable, Only God Forgives prend un chemin strictement opposé. Julian (Ryan Gosling) est un truand américain qui s'est retiré en Thaïlande où il dirige un club de boxe thaïlandaise, lequel lui permet de couvrir ses opérations de trafic de drogue. Un soir, son frère aîné et associé Billy massacre une jeune adolescente qui se prostituait. Il est retrouvé par la police et tué. La mère de Julian, Crystal (Kristin Scott Thomas) arrive alors à Bangkok afin de récupérer le corps de Billy et exige de Julian qu'il venge son frère.

Pourquoi travailler ce film en vis-à-vis de Phèdre ? D'abord pour les rapports extrêmement ambigus que Crystal entretient elle aussi avec son fils ; leur relation très ambivalente et toxique n'est pas du registre de l'amour, comme vous pourrez vous en rendre compte dans les extraits proposées. Et puis parce que le film ressortit aussi au genre tragique, par la fatalité, le sort de Julian semblant scellé dès le début du film, mais aussi par l'atmosphère de sombre violence qui se dégage du long-métrage tout entier.